05.04.24 - EDITO - Ça fait longtemps...

Occupé·e·s à vous rencontrer en vrai, on a un peu négligé la mise à jour des nouvelles numériques... Paradoxal, à l'heure où notre Kit de survie imaginaire pour une génération connectée s'affûte et s'affine pour être prêt à partir en tournée dès l'automne. Le kit, c'est trois spectacles tout terrain, créés à partir de nos thématiques de recherche sur REGARDE ! et qui abordent tous un aspect de ce qu'on pourrait appeler nos imaginaires numériques et connectés.

Vous avez déjà entendu parler de Celle qui voulait qu'on la regarde disparaître, premier spectacle du kit, autour des réseaux sociaux et de l'impact que leur fréquentation peut avoir sur l'image de soi et le développement de troubles du comportement alimentaire. Le spectacle continue à tourner et l'équipe à multiplier les rencontres avec un public toujours aussi concerné. En juin 2024, vous pourrez découvrir Cheval de 3.0, happening policier qui vous plongera au cœur des datas, de leur monétisation et de leur détournement. Et en septembre 2024, ce sera Eden, le dino qui verra le jour, jeune public (mais pas que !) sur les jeux vidéos : les frontières poreuses entre réel et virtuel dans l'univers des jeux en réseau, pour le pire mais aussi pour le meilleur ! 

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L'idée est que ces trois spectacles entament une tournée en lieux non dédiés (établissements scolaires, mais pas que) à partir de l'automne 2024, toujours accompagnés de débats et d'ateliers. L'expérience d'un an de tournée de Celle qui voulait qu'on la regarde disparaître nous a convaincu·e·s (s'il fallait qu'on le soit plus) de ces formats hybrides où l'on va à la rencontre, hors des murs du théâtre. Et les trois spectacles seront joués ensemble aux Avant-Postes, Théâtre de la Lucarne, à Bordeaux, en mars 2025 ! 

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En parallèle, nos recherches autour d'Asile continuent... Notre biblio-sito-filmo-podcasto-graphie s'agrandit toujours plus à mesure qu'on plonge dans un sujet qui est tout à la fois passionnant et inquiétant. Révoltant, même. En écho direct, allez regarder ce docu Arte, Etat limite, qui nous en dit beaucoup sur l'état de la psychiatrie en France aujourd'hui. On continue les recherches, avec de beaux partenariats à venir, qui augurent de riches rencontres. 

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​Même si... Ces spectacles, créés et à venir, ces actes que nous posons, que nous voudrions continuer à poser, nous paraissent toujours plus fragiles. Toujours plus incertains. Avant les annonces ministérielles déjà, et cette coupe inédite (204 millions pour l'ensemble du ministère, 96 millions en moins pour la création en 2024) on ne pouvait que constater les difficultés, les crises successives, les coupes déjà.

Nous sommes né·e·s en tant que collectif dans un moment de crise, nous n'avons presque pas connu cet avant où tout semblait plus simple (??), nous nous en sommes toujours accommodé·e·s. Peut-être nous sommes nous d'ailleurs trop adapté·e·s. Aujourd'hui, nous faisons clairement partie de ces compagnies émergentes pour qui ce sera quitte ou double. De celles qui passeront le cap de ce plan social de la culture larvé, ou qui n'y survivront pas... En tous cas, pas en continuant à jouer le jeu comme ça.  

Alors évidemment nous lutterons. Nous rejoindrons le mouvement contre la précarité culturelle et nous nous battrons pour défendre nos droits. Nous nous battrons pour ne pas être obligé·e·s d'entrer encore plus dans ces logiques concurrentielles qui nous détruisent et nous réduisent. Des assemblées, des manifs de plus. Des cris de plus. Et bien sûr que nous ne nous avouerons pas vaincu·e·s, jamais.

Mais ça fait peur. Ça fait peur pour notre survie oui, pour notre capacité à continuer à vivre d'un travail qu'on aime, qui nous épanouit et nous enrichit chaque jour parce qu'il a du sens. Et ça fait peur pour le reste. Parce que moins d'art, moins de culture, et surtout moins de voix plurielles, divergentes, dans l'art et la culture, on en sait les dangers, et on en voit déjà les effets. 

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Alors on fait quoi ? On n'en sait rien encore très concrètement, mais puisque l'un des ressorts du jeu, c'est d'accueillir la peur et d'en faire son alliée au lieu de la laisser nous paralyser, on va respirer, regarder droit devant et continuer à construire, à s'épauler, à avancer et à grandir.